MONTAGNARDE TYPEFACE

La montagne se finit après les gorges de la Daille, là où les nuages s’accrochent dans les falaises et les gipaètes barbus s’attaquent à leurs proies des rochers. Les yeux dans les jumelles nous scrutons les montagnes pour apercevoir leur habitants cornés qui se targuent de trouver encore quelques brins d’herbe dans ce désert blanc. Le blizzard s’écrase contre nos corps emmitouflés de vêtements chauds qui s’adaptent au fur et à mesure aux températures de l’hiver de haute montagne. Nous sommes ces nomades modernes vivant au rythme des saisons qui s’implantent dans ces terres déboisées et peuplées uniquement de neiges éternelles. Au matin des journées écourtées par les nuits qui s’allongent nous prenons nos sacs et parcourons les pistes de ski jusqu’à la poudreuse qui signe la fin des terrains balisés. Lancés à travers les vallées vierges vers les refuges abandonnés pour y séjourner durant une nuit. Peaux de phoques, raquettes et crampons, quelque soit le matériel nous découvrons des pierres, des chamois, des lagopèdes, au détour des grondement du torrent de l’Isère. Gare à nous de ne pas nous perdre dans cette immensité blanche ou bien de déclencher une avalanche qui dérobera le sol sous nos spatules. Je me rappelle les pentes silencieuses des montagnes du Mercantour, où seul le fracas des pierres émis par les caprins brise la paix qui règne dans ces lieux. Là où les refuges se fondent au point de se perdre dans le paysage, les marcheurs des chemins se côtoient comme si ils s’étaient déjà rencontrés plusieurs fois. Voilà le monde dans lequel nous traçons nos premières empreintes, en discutant avec les randonneurs des montagnes que nous explorons. Mais au premier jour de l’été nous repartirons explorer un autre territoire habité par d’autres espèces que nous attendons de croiser du regard à travers les jumelles. Voici le contenu de ce projet, suivre les lettres, les panneaux, les griffonnages de nos expéditions. Une typographie inspirée par la montagne et pour les montagnards.